L'esprit EliYoga
Du Danemark à Paris, Eli évolue dans un dynamique
de réfléxion intérieure, sport et bien-être
Si Elizabeth Malling, Eli, était une forme poétique, elle serait un oxymore. Fine et puissante. Calme et dynamique. Musclée et élancée. Une légèreté aérienne et un enracinement terrestre. Elle est l’incarnation même de l’effet yoga. En muscles et sérénité, l’illustration de son enseignement. « Le premier yoga, explique-t-elle, c’est la posture du lotus, le voyage à l’intérieur de soi. A chaque cours, j’essaye de créer un espace de confiance, de bienveillance collective pour que chaque élève puisse à son tour créer un espace de liberté à l’intérieur de lui-même où il peut se découvrir sans peur, se connecter à lui-même et en même temps aux autres. On fait alors tous ensemble l’expérience de l’osmose parfaite qui procure une sensation extraordinaire, palpable, de paix et d’énergie collective. »
La pupille aussi brune qu’irradiante de sincérité, dans un français parfait teinté d’un accent rappelant ses racines au-delà du cercle polaire, cette danoise-inuit vous invite à découvrir sa passion. Joignant le corps à la parole, elle fait la démonstration d’une sorte de chorégraphie de postures où tout n’est que respiration, concentration, extensions et torsions. Vous avez peur de manquer de souplesse ? de musculature ? « Peu importe, vous gagnerez l’une et l’autre en les travaillant simultanément et toujours à votre propre rythme, rassure-t-elle. L’enchaînement des postures étire et tonifie naturellement les muscles. Ayez envie, c’est la seule exigence du yoga. »
Vous craignez de ne pas « suivre » les autres élèves ? « Même dans un cours collectif, on fait son propre yoga. Je ne fais rien faire en force, chacun doit prendre son corps tel qu’il est, avec ses maux, son énergie. Le yoga est une bonne école pour le challenge parce qu’il donne confiance en soi en aidant à ouvrir cette porte fermée que notre mental met toujours en travers de notre chemin… » Rompue par vingt années d’enseignement, à ceux qui se bloquent inévitablement devant la nouvelle posture tel le cheval devant l’obstacle, elle répète inlassablement « ne dites plus « je ne sais pas faire » mais « je ne sais pas faire ENCORE ! »
Pour elle, tout a commencé à Copenhague. Le hasard heureux d’un cours proposé par l’entreprise où elle travaille. Une révélation qui va déterminer le sens de sa vie. «J’étais dans une dynamique très physique, yang : natation, course à pied, tennis… J’ai découvert une manière de bouger dans la lenteur, de respirer consciemment, d’étirer les muscles qui a apporté une autre dimension à ma pratique sportive mais aussi à moi-même. Le yoga, c’est le corps et surtout, l’esprit : une rencontre avec soi. Il vous fait grandir en vous révélant qu’il y a quelque chose à l’intérieur de vous, quelque chose de plus grand que vous : une manière d’être au monde, suspendu entre ciel et terre. »
Chaque posture des deux yogas qu’elle enseigne (hatha et vinyasa) étant inspirée de la mythologie indienne, Elizabeth Malling aime raconter à ses élèves les aventures des dieux. Pour leur donner les clés ésotériques du yoga mais aussi réveiller leur imaginaire. « Les images suscitées par les contes leur procurent des émotions qui vont leur permettre d’oser aller à la découverte des sensations les plus enfouies de leur corps. »
Ce voyage dans les sensations les plus intimes a un viatique : la respiration ou plutôt les respirations ! Qu’elle soit abdominale, thoracique, claviculaire, alternée, complète, carrée... c’est toujours la connexion avec soi-même par son propre souffle, l’apprentissage de son énergie vitale, sa libération, sa circulation dans tout le corps… et à la clé l’équilibre émotionnel, une meilleure concentration, un calme mental, la détente musculaire, l’augmentation du flux sanguin et la dynamisation du cerveau, la baisse du rythme cardiaque « Hélas, c’est culturel, nous réduisons tous la respiration à l’acte physiologique inspirer-expirer oubliant au passage l’importance du nez » regrette Elizabeth Malling. Alors, parce que la respiration est l’essence même du yoga, qu’elle seule permet la posture et son évolution, pour que le cerveau prenne conscience dans la moindre suspension d’air de son processus complet (narine, larynx, colonne vertébrale, poumons, bas-ventre...) elle commence chaque cours par la prise de conscience respiratoire dans la méditation «une transition obligatoire pour interrompre le va et vient des pensées et des émotions qui obstruent les sensations .»
Le yoga ou la panacée contre tous nos maux ? Pas loin. En guise de réponse, Elizabeth Malling qui aime la leçon d’humilité du yoga « rien n’est jamais acquis, un yogi même confirmé reste un éternel élève puisque l’esprit et le corps évoluant en permanence, on ne fait jamais une posture deux fois de la même manière » rappelle cette anecdote du Bouddha. « on a demandé au Bouddha : qu'avez-vous gagné de la méditation ? Bouddha répond « Rien. Cependant, a dit le Bouddha, laissez-moi vous dire ce que j'ai perdu : la colère, l’anxiété, l’angoisse, l’insécurité, la peur de la vieillesse et de la mort »
